Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Archives

Catégories

Liens

/ / /

       Un jacassement un peu trop joyeux remplit la salle de classe.Les chaises grincent,les tables bougent, inlassablement, comme animées d'une vie propre.Ici et là, quelques messages mystérieux circulent, source de colère ou d'hilarité.Bientot, peut-etre, plusieurs d'entre eux joncheront le sol ou serviront de projectiles.Est-ce tout?Regardons bien.Oui, apparemment:pas de manoeuvres pour écrire clandestinement sur les tables,pas de consommateurs de"pipes",pas de jeteurs ni de jeteuses d'encre.Décidément, c'est un bon jour.

        Prudence, pourtant, Jean Durtelle.Ne te réjouis pas trop vite.Pense à ces soirs(ou à ces matins) où,rentrant chez toi à peu près convaincu que ton peuple t'aimait,au moment de te changer pour savourer ta joie dans ces vieux vetements peu présentables que tu affectionnes,tu découvrais au dos de ton pull ou de ton pantalon, ou bien des deux, une constellation de petites taches d'une réalité catégorique.

        Et surtout n'oublie pas.N'oublie pas les masques ricanants et les coups bas bien laches et bien ciblés.Les cris de basse-cour lorsque tu te retournais et ces visages candides, imerceptiblement satisfaits,lorsque tu faisais face.

        N'oublie pas la jubilation qui saluait tes explosion de colère,ni les quolibets ou les injures répondant à tes menaces.N'oublie pas cet art presque inconscient mais consommé de placer les banderilles dans la chair de la victime furieuse et affolée.Et garde aussi scrupuleusement dans ta mémoire le souvenir, au milieu des curées, de tel ou tel regard digne et libre.

 

      Souviens-toi, Jean Durtelle, et ne permets jamais à quiconque de traiter à la légère ce trivial et poignant sujet,meme si, lorsque tu commenças à sortir la tete de l'eau, la force te vint peu à peu d'en sourire, non sans quelque gravité:

 

          Si tes phrases les mieux polies

          Sombrent dans l'indifférence.

          Si tes explications les plus claires

          Se perdent dans les piaillements.

          Si tes colères les plus nobles

          Ne provoquent nul effroi.

          Si la carburation te lache,

          Au mauvais moment,

          Si le monde ne veut vraiment pas

          Des belles couleurs dont tu voulais le peindre,

 

 

                     Réjouis-toi.

 

 

          Si tu te heurtes à des murs,

          Si tu rencontres

          Le contraire exact de tes reves.

          Si tu patauges dans la boue,

          Si dans chaque ornière tu te tords les pieds,

 

 

                    Aie confiance.

 

 

          Echoue, échoue, échoue:c'est là qu'est la victoire.

 

 

 

 

          ...la suite prochainement...

Partager cette page
Repost0