Le lendamain, lundi, c'est le départ.Je n'arrive pas à prendre mon petit-déjeuner avec C&A, mais j'insiste-il passe en coup de vent au car avant d'aller boire son café-pour que l'on nous prenne tous deux en photo avec mon téléphone portable.J'ai ausi une photo que j'ai prise de lui la veille, ainsi qu'une petite video,mais j'effacerai malheureusement tout quelques jours après mon retour pour essayer de l'oublier, comme il m'y engagera au téléphone-je devais un temps le bombarder de courrier, & il se décide à m'appeler pour me dire qu'il va tout me renvoyer...-
Mais en attendant les retombées, nous allons beaucoup nous parler durant le voyage de retour qui durera deux jours, avec les memes splendides paysages, en ex-Yougoslavie, de la cote descendant sur une mer magnifique,& que nous voyons, à l'aller comme au retour, par un soleil radieux.
Il parle beaucoup de ses souffrances-physiques, morales:humiliations quotidiennes d'un supérieur, père infidèle & violent, enfance en pension,mère morte de la maladie d'Alzheimer ET un demi poumon retiré sans morphine-mon Dieu, mais c'est afreux!Ai-je bien entendu?-Sa femme, qui se fait un jour photographier à coté d'un écrivain qui dit"avoir souffert comme une bete"comprend que c'est le cas de son mari.
Quant à moi, devinant quelque chose de non dit dans son propos(parce que sans doute trop douloureux), je lui pose la question, je ne sais plus en quels termes,à quoi il me répond, en substance, qu'il"pourrait en dire plus".
A un autre moment, alors qu'il s'est déplacé dans le car, je vais m'asseoir à coté de lui &, alors qu'en réponse à je ne sais plus quoi de ma part, il me dit:"Tu te tortures.",je saisis la perche & lui lance:
"Je ne me torture pas, car j'ai été torturée moralement...Tus ais ce que c'est que la torture?
-Oui, je sais ce que c'est que la torture.
-Je m'imagine souvent qu'il y a peu de gens qui le savent...J'ai raison?"
Il ne répond pas & je lui prend, avec ma main droite, la main gauche quelques instants en silence.
Il ne me fera pas d'enfant, il me le dit lorsque je lui fais part de mon désir(peut-etre fugitif).
Il dit"avoir fait toutes les guerres".
& moi?Je lui parle énormément d'A., ne lui cachant ni à lui, ni à moi-meme qu'il me semble que je fais un transfert sur lui.Le mercredi matin, à l'hotel en Slovénie, alors que nous prenons le petit-déjeuner, il rectifie mon mot de "transfert psychiatrique" par celui de "transfert psychique".Lors de ce petit-déjeuner,je me trompe sur son prénom soudain, l'appelant A., & ressens un coup de canif profond au coeur,ayant l'impression de trahir A. vis-à vis de C&A,& en meme temps de faire du mal à C&1, ainsi qu'à moi-meme.
Sylvie Trudelle-Ferrer.
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